Après avoir travaillé pendant de nombreuses années autour de formes construites, fonctionnelles, allant des bunkers et villas luxueuses (Derniers paysages 1, 2004-2011 et derniers paysages III, 2011-2013) aux formes industrielles (Ex Machina, 2014 – 2019) et aux objets technologiques récents de la medtech (Vanités, 2018 – 2020) Sébastien Mettraux s’est intéressé à des formes plus organiques, qui d’un point de vue mathématique et informatique, sont plus imprévisibles et complexes.
Il a alors commencé à composer sur la base d’observations issues de la nature (plantes, organes, structures géologiques, racines). Son intérêt porte sur l’essence de ces structures, leurs analogies, le résultat consiste en des formes hybrides frôlant parfois avec l’abstraction sans jamais l’atteindre vraiment. La notion d’aléatoire et de chaos inhérente à certains sujets naturels l’ont fasciné (il est par exemple impossible de calculer ou prévoir de manière exacte la trajectoire de la fumée, ou de la racine d’une plante). Dans cette optique, un de ses films d’animation 3D en lien avec la série met en scène un réseau de racines qui poussent lentement de manière désordonnée, jusqu’à envahir et obscurcir totalement l’écran. Il est fascinant de savoir qu’en cas de disparition totale de notre civilisation, 300’000 années d’existence seraient bien vite effacées. Les végétaux recouvriraient les plus grandes villes assez rapidement, ne laissant que peu de traces de notre passage.
Depuis la fin du printemps 2022, Sébastien Mettraux a été marqué par les effets flagrants de la sécheresse dans sa région natale, impliquant des changements de couleurs dans les paysages qui lui sont familiers. Sa résidence d’artiste au Bridderhaus à Esch-sur-Alzette a débuté en juillet 2022, avec une vague de chaleur sur l’Europe, cela lui a alors semblé difficile de continuer à s’enchanter d’une nature que l’humain a manifestement détruite. Mettraux a alors commencé à peindre de nouvelles toiles, toujours organiques, exclusivement à l’aide de fractales générées par ordinateur.
Ces formes créées uniquement sur base de code n’ont rien de tangible, elles semblent parfois végétales, parfois liquides ou affranchies de la gravité. L’artiste tente de retrouver une forme de contemplation, remplaçant la nature par du code informatique dans lequel il sélectionne des extraits qui seront retranscris en peinture, l’informatique fonctionne alors comme un jardin de Giverny.
Durant 6 semaines le code et les fractales générées auront été son unique sujet, donnant son nom à cette exposition : Ex Codice.
Curator: Christian Mosar
Artist: Sébastien Mettraux
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