Dans le cadre de la Squatfabrik #3 avec Serge Ecker & Petra.Preta
Que reste-t-il des cultures africaines lorsque les Africain·es sont arraché·es à leur terre natale et exilé·es de force sur le continent américain ?
La grande majorité des musiques populaires contemporaines sont issues de l’imaginaire des captif·ves noir·es et de leurs descendantes et furent à l’origine du blues, du rock, du reggae, du hip-hop et de bien d’autres. Cependant, l’industrie musicale n’est pas dirigée par les personnes noir·es et leur assujettissement social se poursuit. Au milieu du XXe siècle, les artistes afro-américain·es ont commencé à s’interroger et à théoriser l’impact de la négritude sur les arts visuels, en contraste avec la centralité de la musique noire. Tout au long de l’ère moderne, être à la fois artiste et Noir·e n’allait pas de soi.
La conférence se concentrera sur les projets d’auto-réinvention artistique, nés du désir de comprendre, de surmonter ou de transcender la condition d’esclave, ainsi que sur le rôle des artistes d’origine africaine dans la culture contemporaine.
La conférence sera suivie d’un moment de discussion avec le public
Norman Ajari est un philosophe français et américain. Avant de devenir maître de conférences en Francophone Black Studies à l’université d’Édimbourg, il fut professeur adjoint de philosophie à l’université de Villanova, dans la banlieue de Philadelphie. Il est spécialisé dans l’histoire de la pensée noire francophone et anglophone, la philosophie sociale et politique, la critical race theory et les études sur les hommes noirs. Il est également membre du conseil d’administration de la Fondation Frantz Fanon, et occasionnellement critique d’art et commentateur politique.
Son premier livre, Dignity or Death : Ethics and politics of race (Polity, 2022), développe une critique de la philosophie continentale du point de vue de la tradition radicale noire. Son deuxième livre, Noirceur : Race, genre, classe et pessimisme dans la pensée africaine-américaine au XXIe siècle (Divergences, 2022) reflète la résurgence contemporaine d’une longue tradition de pessimisme radical noir sous le couvert de mouvements intellectuels afro-américains contemporains tels que l’afropessimisme et les Black Male Studies.
Son approche théorique est double. D’une part, elle déploie une actualisation théorique de la tradition radicale noire mondiale et, d’autre part, elle explore l’inconscient racialisé inexploité de la philosophie occidentale. Cette entreprise est guidée par la conviction que la déshumanisation spécifique qui frappe les personnes noires depuis des siècles a donné naissance à des formes uniques d’organisation révolutionnaire, de pensée philosophique et de modes d’expression artistique. Il explore donc l’interstice entre la vie et la mort habité par les esclaves africain·es, les sujets coloniaux et les personnes noires déshumanisées contemporaines.
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